mardi 3 février 2009

La simplicité est la première vertu de la bonne loi.




Les vertus de la simplicité.

Ce qui caractérise l’impact considérable de la DDHC de 1789, depuis son avènement, réside dans l’universalité de son accessibilité.

Les choix étaient pourtant offerts aux brillants auteurs de cette Déclaration pour en faire, par souci de perfection, un monument de minuties grammaticales, d’obscurités métaphysiques, et de subtilités juridiques savamment alambiquées dans le langage le plus abscons qui soit. Pourtant, le 27 juillet 1789, Champion de Cicé, parlant au nom du comité de constitution, écartait résolument la rédaction de Sieyès comme trop abstraite, trop profonde, trop parfaite, car disait-il : cela suppose plus de sagacité et de génie qu’il n’est permis d’en attendre de ceux qui doivent la lire et l’entendre; et tous doivent la lire et l’entendre. Tous entendez vous bien ?

Lors de la séance du 11 juillet 1789, La Fayette indiquait que : le mérite d’une Déclaration des droits consiste dans la vérité et la précision ; elle doit dire ce que tout le monde sait, ce que tout le monde sent.

Cette volonté commune de rendre cette Déclaration intellectuellement accessible au plus grand nombre, implique une manifestation de générosité et de sincérité qui lui a conféré son caractère universel ; il a en outre aligné la tonalité vibratoire de ce texte sur la note émise plus de cent cinquante ans avant la Révolution par Descartes dans sa maxime qui prétend que : le bon sens est la chose du monde la mieux partagée.

Même s’il est toujours aussi nécessaire de prévoir d’accompagner cette DDHC de larges développements concernant ses applications pratiques, sa lecture dans le seul sens Parlant, celle que pratique le plus grand nombre, permet d’en saisir les grandes lignes, car sa simplicité la rend claire et intellectuellement accessible.

La simplicité, comme j’ai eu maintes fois l’occasion de l’expliquer dans de nombreux articles du site le Grand-Oeuvre d’Hermès, est le sommet de la sophistication. Derrière la facilité d’utilisation d’une chose ou d’un principe, il y a obligatoirement une longue recherche, des études complexes et des mécanismes subtils pour que cette simplicité soit possible. La préoccupation des parlementaires de 1789 qui consiste à rendre cette Déclaration claire, simple et accessible, sans pour autant sombrer dans l’indigence du simplisme et l’atrophie du minimalisme, est le témoignage historique de la véritable noblesse et grandeur de leur vision politique ; noblesse qui ne peut que reposer sur l’exercice des vertus dont ils ont manifesté une pratique loyale ayant marqué de façon indélébile cette oeuvre profondément humaniste.

Pour ce faire une idée de la difficulté de la tâche qu’il suffise de constater le maelström chaotique des lois illisibles par le plus grand nombre, et souvent par les professionnels du droit eux-mêmes. Lois incohérentes, paresseusement rédigées, avec une incompétence et une stupidité affligeante ; bien souvent ne tenant pas compte de textes déjà existants et avec lesquels ces lois nouvelles entrent en contradiction, rendant leur application impossible ou injuste... Combien de ces lois ne sont que des manifestations opportunistes, sournoises, déloyales de basse politique, ayant pour objet véritable le contraire de ce qu’elles prétendent résoudre ou défendre... Le sommet de cette duplicité législative se trouve concentré dans les lois constituant le Code fiscal... Lois dont la lecture et la compréhension ne sont réservées qu’à une pseudo “élite” de technocrates spécialisés en carabistouilles et détournements de souveraineté populaire... Ces lois sont incompréhensibles, contraire au bon sens, rédigées dans un langage non pas abscons mais volontairement hermétique, afin de permettre à cette administration, refuge de la nouvelle haute “aristocratie” de la fonction publique ( et de ses privilèges), d’imposer son totalitarisme et l’arbitraire qui en est son bras armé, à une population de citoyens, mais aussi d’hommes et de femmes politiques investis de la représentation nationale. Le détournement de pouvoir, au profit de cette administration, repose sur la complexité volontaire de ces textes, leur inaccessibilité au bon sens commun, et l'ambiguïté volontaire de leur rédaction qui permettent à cette administration de régulièrement porter atteinte aux droits de l’homme sans jamais avoir à répondre de cette imposture et de cet arbitraire... Le principe qui veut que pour maintenir un peuple en état de servitude, il faille le maintenir dans l’ignorance de ses droits, se retrouve invariablement lorsqu’une loi est rédigée de façon alambiquée, truffée de renvois à d’autres textes, opacifiée par un langage prétentieux et tarabiscoté, et noyautée d’incohérences volontaires et hypocrites. Ces lois sont celles très abondantes, - pour ne pas dire prolifique jusqu’à la plus folle démesure -, d’un gouvernement qui manifeste son ambition totalitaire par une dictature administrative et règlementaire...

Ceci nous renvoie à cette vision lumineuse de Montesquieu : Il n’y a pire dictature que celle qui s’exerce au nom des lois et sous les couleurs de la justice...

La simplicité et la clarté de la DDHC de 1789, est par opposition aux lois scélérates, la lumière qui révèle les ténèbres ; la vertu qui rend le vice apparent, je devrais dire accablant. À notre époque où l’appareil législatif fonctionne d’une façon stupide en vomissant sans relâche des lois, décrets, règlements, jurisprudences, arrêtés, codes, normes et conventions, au point que n’importe quel prétendu professionnel du droit est invariablement empêtré dans ce salmigondis indigeste, sans jamais en trouver une issue honorable, la volontaire simplicité de la DDHC de 1789 est la seule solution pour dénouer ce noeud gordien des ambitions totalitaires des gouvernements cristallisées dans l’appareil législatif.

C’est d’ailleurs avec une grande clairvoyance et une préscience politique avérée, que nos parlementaires de la Révolution ont inclus dans cette mémorable Déclaration une accablante et redoutable disposition dénonçant, pour les générations futures, l’origine de ces pratiques totalitaires, comme j’aurai l’occasion de le souligner dans un prochain article.

Si la simplicité et la clarté sont les expressions de vertus, la volontaire complexité, l’obscurité, l’ambiguïté, la confusion, l’incohérence, l’imprécision, le flou et l’incertitude sont les marques incontestables du vice en matière de politique et de gouvernance.

Voilà d’ores et déjà ce que nous enseigne la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789, et nous n’en sommes qu’au début.


<--------Article suivant.

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1 commentaire:

Anonyme a dit…
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