vendredi 6 février 2009

De l'ignorance à la tyranie.



La première des corruptions des gouvernements.

Bien souvent on accuse la DDHC de 1789, de n’être qu’une déclaration de droits, sans préoccupation aucune pour les inévitables devoirs qui doivent en bonne Justice en être la naturelle contrepartie. Ce genre d’accusation vient d’une méconnaissance sérieuse de cette Déclaration, car un lecteur même peu attentif peut découvrir l’intention qui se trouve dans le préambule et qui marque, comme je l’ai par ailleurs signalé, l’esprit de l’ensemble des articles qui suivent ce postulat de base.

... afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs ;

Si nous considérons, selon les principes de la sagesse hermétique, qu’une manifestation, sous quelque forme qu’elle se produise, comporte une polarité négative et une polarité positive, un individu ne peut prétendre avoir des droits (polarité positive) sans avoir de devoirs (polarité négative), c’est en cela que la référence aux « droits naturels » implique la concomitance des contraires ; l’existence du vice ne se détermine que par comparaison d’avec l’existence des vertus, et tout dans la nature repose sur cette dualité.

Dans le passage ci-dessus du préambule nous noterons une précision qui confirme mes analyses antérieures concernant la nécessité (je devrais dire l’impérieux DEVOIR) pour tous les gouvernements, de faire tout ce qui leur incombe pour que tous les membres du corps social puissent avoir constamment à l’esprit le contenu de cette Déclaration. Instruire ces membres du corps social dans la parfaite connaissance de ses droits est donc une ardente obligation que doit s’imposer un gouvernement ayant en tête de sa Constitution l’engagement de respecter cette Déclaration. Faillir à cette noble servitude qui résulte de ses obligations est donc bien une violation de cette Déclaration et une corruption manifeste puisqu’il est clairement établi, dès le début de ce préambule, que l’ignorance, l’oubli et le mépris des droits de l’homme sont les causes des malheurs publics imputables au gouvernements corrompus...

Il découle naturellement de cette obligation éducative, que la qualité morale essentielle d’un bon gouvernement réside dans l’ensemble des dispositifs qu’il mettra en oeuvre pour qu’aucune carence ou défaillance ne puisse lui être reprochée, concernant la pleine et complète formation de chaque membre du corps social à la connaissance et la pratique de ses droits naturels, inaliénables et sacrés. Comment imaginer qu’une population, volontairement maintenue dans l’ignorance de ses droits, puisse avoir en même temps une pleine conscience de ses devoirs ... Sauf, si cette ignorance permet à un gouvernement corrompu, de lui substituer de faux droits et de faux devoirs, bien souvent très éloignés de ceux naturels, inaliénables et sacrés, mais proche de ses intérêts...

Ceci nous renvoie à ce que nos illustres parlementaires avaient identifié comme une perversion vicieuse des gouvernements corrompus et qui est l’OUBLI... On peut oublier ce que l’on a précédemment appris, mais on peut encore plus certainement ne pas se souvenir de ce que l’on n’a jamais appris. Voilà comment les gouvernements corrompus parviennent à neutraliser les effets libérateurs de la DDHC. Car, et c’est là un constat facile à faire, depuis sa promulgation, compte tenu de la dangerosité que contient cette Déclaration, pour tous gouvernements n’ayant que l’ambition du pouvoir absolu, aucun n’a jamais respecté les obligations qui auraient affranchi le corps social de nombreux malheurs publics. Et comme ils ne peuvent pas l'aliéner, alors ils utilisent la ruse la plus méprisable.

Le premier gouvernement des droits de l’homme n’a encore jamais existé.

Comment pourrait-il exister aujourd’hui, alors que la quasi-totalité des représentants, parait-il « démocratiquement » élus sont dans un état d’ignorance épouvantable en ce qui concerne le contenu de cette Déclaration, et ses applications pratiques. Ces élus sont ceux qui font les lois, et qui forment les membres d’un gouvernement, je vous laisse déduire ce que cela peut produire, sur le plan des effets en matière de respect des droits de l’homme...

Pourtant, ces fringants politiciens, de hautes ou basses extractions, ne se privent jamais de pérorer en public et dans leurs discours langue de bois, leur attachement à ce qu’ils imaginent être les « droits de l’homme », ou à s’en faire les ardents promoteurs, histoire de se vêtir d’une toge de respectabilité et d’honorabilité si peu faite à leurs mesures morales déficientes.

Combien de ces personnages politiques, ont-ils réellement la pleine conscience des extraordinaires vertus que renferme cette Déclaration ? Ne dites pas de chiffre, si faible soit-il, il sera encore considérablement exagéré !

Les dirigeants politiques sont dans l’ignorance, plus ou moins volontaire, de cette Déclaration, comment pouvez-vous imaginer que les membres qui constituent la technostructure, puissent être autrement qu’à l’image de ceux qu’ils sont censés servir... Comment imaginer que le reste des membres du corps social (lorsque je dis le reste, cela représente quand même l’essentiel de ce corps social) qui n’a bénéficié très souvent que d’une instruction strictement réduite à l’anecdote historique, puisse se rappeler de quoi que ce soit d’autre, que de ce côté anecdotique... Le maintien dans l’ignorance produit un résultat accablant pour les responsables de cet état, - et dont les effets maintiendront les membres du corps social, dans l’ignorance de leurs droits naturels, inaliénables et sacrés -, ils seront ainsi dans l’impossibilité d’en faire usage. Ceci confirme ce que je ne cesse de répéter régulièrement à savoir :

Que pour maintenir durablement un peuple en état de servitude, il faut d’abord le maintenir dans l’ignorance de ses droits .

Non seulement ce maintien dans l’ignorance est la première des corruptions d’un gouvernement, mais c’est aussi la base de toutes les décisions, actions et manifestations arbitraires. Arbitraire qui se trouve amplement dénoncé et condamné par la DDHC. Croire que le maintien d’un peuple dans l’ignorance de ses droits légitimes n’est pas un acte de corruption gravissime, c’est méconnaître la portée et la finalité de la Déclaration. Nos parlementaires historiques savaient parfaitement que les gouvernements qui s’exonèrent de tout contre-pouvoirs, finissent inexorablement en dictature et tyrannie, il n'y a jamais d'exception à cette règle. Le contre-pouvoir naturel des gouvernements postérieurs à la DDHC, réside dans la capacité du corps social, normalement instruit de ses droits et devoirs, à s’en prévaloir, pour ce qui est des droits, et en assumer volontairement les devoirs qui en découlent et deviennent la naturelle contrepartie honorable de ces droits, ce que j’appelle couramment : les nobles servitudes.

Montesquieu disait : « Dans une monarchie bien réglée, les sujets sont comme des poissons dans un grand filet, ils se croient libres et pourtant ils sont pris ».

Remplacez « monarchie » par « démocratie » et vous obtenez le même résultat. Il n’y a pas de liberté dans l’ignorance, pas plus que de justice. Nos pères le savaient pertinemment, c’est pour cette raison qu’ils ont inscrit dans le marbre du préambule de leur Déclaration le principe de la pleine connaissance de celle-ci par l’ensemble des membres du corps social comme manifestation de morale et de probité d’un bon gouvernement. À l’aune de ce qui précède, il serait difficile de décerner ces prix de vertus à nos gouvernements actuels, comme à ceux du passé.

Lorsque je serai parvenu à la fin des commentaires qui permettront de comprendre les applications pratiques que renferme la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, il sera aisé de percevoir l’étendue des dégâts que provoque l’état volontaire d’ignorance dans lequel le corps social est maintenu, ainsi que les redoutables perversions que cela a engendrées dans les pratiques des gouvernements corrompus.


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