jeudi 5 février 2009

La puissance des droits de l'homme



La simplicité et la clarté au service de la rigueur.

Dans le précédent sujet, nous avons vu que le préambule commençait par définir d’une façon magistrale le principe de la corruption des gouvernements. Ce terme de corruption a depuis été ramené à sa plus simpliste expression que je traduirai de façon triviale par : mettre les mains dans le pot de confiture... Cette limitation caricaturale de ce que recouvre le terme permet aux politiciens, et à tous les membres de la technostructure de prendre des allures de vertu outragée lorsque ce mot est utilisé pour qualifier l’état d’un gouvernement et des personnes qui concourent à sa réalité. Il convient donc, pour être parfaitement clair dans ce qui va suivre, de proclamer que la corruption des gouvernements au sens où l’entend le préambule de la DDHC se définit comme suit:

Sont corrompus tout gouvernement, toute technostructure, toute organisation qui ne respectent pas les règles qu’elles édictent et qui constituent l’ontologie de leur propre entité.

Une société commerciale qui ne respecterait pas ses propres statuts serait immédiatement considérée comme corrompue par la justice, et donc condamnable. Un gouvernement qui ferait de même ne mériterait aucun autre qualificatif. C’est donc en constatant très objectivement les violations chroniques des dispositions de la DDHC de tous les gouvernements, depuis 1789 jusqu’à nos jours, que je peux affirmer, sans craindre de n’être jamais démenti, qu’ils ont été, et qu’ils sont parfaitement corrompus. Je laisse d’ailleurs à chacun le soin d’imaginer le nombre de lois toujours en application, produites par ces gouvernements, et qui contiennent dans leur formulation des principes contraires à la DDHC.

Bien évidemment, le sage n’affirme rien qu’il ne peut démontrer, et ce qui vaut pour le sage, vaut pour celui qui, comme moi, s’efforce de suivre son exemple, c’est pour cette raison que j’appuierai chacune de mes accusations sur des faits indiscutables. Comme je l’ai précédemment démontré, la corruption des gouvernements a commencé par le maintien du peuple dans l’ignorance des droits qui découlent de cette Déclaration, mais ce n’est pas là, la seule infraction constatable, la suite va nous en révéler une multitude d’autres tout aussi accablantes.

Poursuivons l’analyse de ce remarquable et si riche préambule:

...ont résolu d'exposer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'homme...

Comme j’ai déjà eu l’occasion d’expliquer la subtile distinction qu’ont su faire nos illustres parlementaires entre la loi, manipulable et corvéable à merci selon les humeurs et les intérêts partisans, et une déclaration solennelle, je ne reviendrai pas sur ce sujet. Par contre, dans ce passage du préambule, il est précisé que le but de cette déclaration solennelle est d’exposer les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme, voilà qui mérite que l’on s’y attarde sérieusement...

Les droits naturels sont bien évidemment ceux que nous recevons de mère nature et de la Divine Providence... Lapalissade penseront certains ; à quoi bon exposer ce qui tombe sous le coup du plus élémentaire bon sens ?... Justement, si nos parlementaires si éclairés et faisant preuve de tant de générosité et d’intelligence, comme rarement l’histoire n'en a jamais connu, ont cru bon de s’attarder sur une évidence première, c’est justement parce que l’expérience de l’ancien régime leur permettait de constater que si tout pouvoir corrompt, un pouvoir absolu corrompt absolument au point d’avoir l’imbécilité de s’en prendre à la nature même qui viendrait contrarier ses ambitions et vanités.

Il ne viendrait à l’idée de personne de vouloir limiter ou supprimer le besoin de respirer d’un individu. C’est là, chose naturelle et impérieuse. Sauf ,qu’il n’est plus à exclure, que ce genre de stupidité puisse germer dans la tête d’un "brillant technocrate" sous prétexte qu’en taxant le droit de respirer cela pourrait se révéler fiscalement rentable... Saugrenue cette hypothèse ? Pas autant que vous puissiez le penser. Le sel, qui est indispensable à la vie de chacun, a déjà subi par le passé la Gabelle du sel, cette mémorable taxe qui servait à alimenter les revenus royaux.

En évoquant le principe de droits naturels, nos parlementaires qui n’avaient pas la mémoire courte, ont aussi rappelé que le pouvoir d’un gouvernement n’est jamais sans limites. Et que la première et la plus inviolable de ces limites, était caractérisée par les droits que la nature a donnés à chaque personne, et qu’un gouvernement doit se donner comme devoir de respecter. Par extension, nous pouvons en déduire que la liberté collective (gouvernement, technostructure, collectivité) ne peut pas éradiquer totalement la liberté individuelle sans violer les droits de la nature, et sans se condamner à sa propre disparition. Il y a donc, et il y aura toujours, un irréductible espace de liberté individuelle incompressible. Le périmètre de cet espace de liberté incompressible est sagement délimité solennellement par cette Déclaration.

Droits inaliénables... Cette expression claire est largement compréhensible par l’ensemble du bon sens commun d’une population, comme le disait si justement Descartes. Pourtant je crois utile, pour les juristes égarés, les magistrats de peu de foi, les législateurs frivoles et ignorants de rappeler le sens qu’il convient de donner à l’adjectif : inaliénable.

Inaliénable : droit qui ne peut être aliéné ; incessible, insaisissable. Qui ne peut être enlevé.

Non seulement les droits de cette Déclaration sont légitimes parce que naturels, mais ils sont en plus exposés comme étant parfaitement inaliénable. Cette précision vaut bien évidemment pour tous les gouvernements postérieurs à cette Déclaration. Son application directe n’est rien de moins que l’impossibilité qui est faite à toute loi, de pouvoir en changer le moindre iota. La Déclaration devient ici supérieure à la loi, par sa permanence et son inviolabilité. Ceci rejoint d’ailleurs l’un des principes hermétiques qui distingue le temporel de l’intemporel. La loi humaine traite des choses temporelles, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, par sa préoccupation des droits naturels, se préoccupe de ce qui s’approche de l’intemporel... Quels que soient les gouvernements, les besoins et les droits naturels des individus ne changeront pas. Ils sont par essence inaliénables par un gouvernement.

Sur le plan pratique, ce qu’aucun gouvernement ne vous révèlera, car la pleine connaissance de ce dispositif nuirait à l’étendue des pouvoirs dont il entend se prévaloir, c’est qu’aucune loi, qu’aucun décret, qu’aucun règlement ne peut, et ne pourra jamais porter atteinte à chacun des droits qu’expose cette Déclaration. Que ce dispositif, comme il est précisé juste après, est opposable aux gouvernements, aux administrations, à tous les agents de la technostructure, aux forces de l’ordre, et aux magistrats. Aucune loi qui porte atteinte à un des droits inviolables de l’homme, ne doit et ne mérite d’être respectée. Elle est automatiquement sans objet, et sans fondement, le simple fait qu’elle s’oppose, sous quelque aspect que ce soit à une disposition de la DDHC, la rend caduque, car la Déclaration est, et restera toujours supérieure à la loi !

Lorsque l’on a compris la puissance de ce dispositif, on a aussi compris pourquoi tous les gouvernements sont prompts à parler des droits de l’homme, mais uniquement à l’étranger... À l’intérieur du pays, il vaut mieux faire en sorte de passer sous silence, ou de tenter de noyer ce texte subversif, sous des tonnes de lois de circonstance, fallacieuses et fantasque, pour tenter de faire OUBLIER l’existence même de cette Déclaration, qui est en elle-même un puissant contre-pouvoir lorsqu’elle est connue, revendiquée et opposée à l’arbitraire. Voilà aussi une des raisons qui ont fait que, contrairement à ce qui semblerait dans l’ordre normal des choses, l’Éducation nationale n’a pas reçu l'impérieuse et noble mission d’apprendre aux générations montantes l’existence de cette Déclaration dans l’intégralité de son contenu, ni ses applications pratiques au quotidien... Pour un gouvernement corrompu, cela reviendrait à former un corps social capable d’assumer sa propre souveraineté, que nos maires du palais ont depuis l’origine détournée à leur unique profit.

Les droits sacrés... Le qualificatif de sacré vient ici renforcer encore plus le caractère d’absolu de ces droits. Il condamne toute tentative qui consisterait à vouloir diminuer ou porter atteinte à ces droits, au déshonneur du sacrilège, et à l’indignité citoyenne. Ce sacrilège est par nature un manque de respect de la souveraineté populaire, mais aussi la manifestation d’une imposture et à défaut d’une incompétence issue de l’ignorance, ce qui n’est pas ici une circonstance atténuante, mais le contraire.

Alors citoyennes et citoyens de ce beau pays de France, vous avez reçu en héritage le fabuleux trésor de jouir de droits naturels, inaliénables et sacrés, comment faites-vous pour être indignes de cet héritage en laissant des gouvernements corrompus vous priver, et par voie de conséquence, vos enfants, de cette inestimable bénédiction ?

Comment faites-vous pour ne pas vous sentir fier de nos aïeux, si courageux, si inspirés, si intelligents, au point de ne pas considérer qu’il est nécessairement dans le devoir de chacun d’en recevoir dignement le Don offert, pour être capable de le transmettre précieusement préservé aux générations futures ?

Comment pouvez-vous vous laisser déposséder de ces droits si précieux en manifestant l’ingratitude d’une incapacité à les défendre dans la moindre des activités sociales ?

Lorsque l’on a la chance de pouvoir jouir de ces droits, sans autre effort que celui qui consiste à les évoquer pour s’opposer à l’arbitraire sournois de gouvernements corrompus, il me semble que ne pas avoir la préoccupation constante de le faire, c’est déshonorer la mémoire de nos pères morts les armes à la main, souvent à la fleur de l’âge, pour défendre les acquis de cette Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen au profit de leur descendance.


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