mardi 19 janvier 2010

La Conscience citoyenne.


Franchement, à quoi peut bien servir la vertu en politique ?

Comme je constate que la Justice dans son acception vertueuse n’est pas de pratique aussi courante qu’il pourrait le paraître de prime abord au bon sens commun - ce manque de pratique menant rapidement à la confusion des esprits, aux amalgames réducteurs et stériles, et à la cohorte de lieux communs qui sert de viatique au plus grand nombre -, qu’il me soit permis de faire un résumé historique, terreau qui sert de ferment à cette noble idée de Justice.

La justice rendue par un pays n’est que la manifestation du plus petit dénominateur commun de la conscience collective des membres de la population qui compose ce dernier. Ainsi, au 18ème siècle, en France la justice était celle d’une aristocratie imbue de ses exorbitants privilèges et d’ailleurs totalement corrompue par ceux-ci (comme celle d’aujourd’hui). L’injustice rendue était celle d’une classe totalitaire asservissante, inhumaine et vicieuse dans l’âme. La fameuse justice de cour.

Certaines consciences individuelles, plus élevées que celles de cette volaille de cour, s’en sont indignées intellectuellement et spirituellement. Montesquieu, Rousseau, Voltaire, Mirabeau, Robespierre, Seyies et bien d’autres, ont courageusement manifesté une Morale nettement plus élevée que celle qui servait de base à l’ordre établi. Nous appelons encore cela le Siècle des lumières… Pour faire court, les conséquences de ces indignations spirituelles individuelles, qui ont fini par faire un puissant courant de pensée, mènent à la Déclaration des Doits de l’Homme et du Citoyen de 1789, rien de moins que l’équivalent du mètre étalon en matière de justice de liberté et d’humanisme.

Cette Déclaration n’est pas une référence locale, non ! Mais, par son caractère universel et intemporel, elle est devenue une référence planétaire, celle qui sert de base à la Justice Européenne, à celle des Nations Unies ; celle qui sans aucune armée a fait s’effondrer le rideau de fer et de nombreuses dictatures ; celle qui met régulièrement en déroute le despotisme de tous poils ; celle qui sert d’espérance à tous les déshérités de la terre, et qui se lamentent d’ailleurs que les nantis de ces bienfaits que nous sommes soient si peu actifs pour en assurer la vitalité et la préservation.

Cet héritage est devenu universel pour la simple et bonne raison que l’idée de Justice qu’il véhicule est beaucoup plus proche de la Justice Divine que toutes autres. C’est si vrai que la première chose qu’ont fait les parlementaires qui en sont à l’origine a été d’invoquer l’Être Suprême, comme il est spécifié dans le préambule de cette Déclaration.

Nous sommes donc en face d’une œuvre d’une incontestable portée mystique, philosophique, culturelle, sociale et politique, comme le démontre le puissant symbole qu’elle est devenue.

Aussi, comment admettre que dans le pays berceau de sa naissance, il puisse être porté atteinte à cette si précieuse Déclaration sans qu’une puissante indignation collective ne se manifeste .

C’est comme si un prêtre, un rabbin, un pasteur un imam, lors de la célébration du culte, se livrait à des rituels sataniques sans qu’aucun des fidèles présents ne s’élève pour crier au blasphème, dans le cadre d’une légitime indignation collective… Cela voudrait simplement dire que ces fidèles sont tout aussi corrompus que l’officiant dévoyé !

Il convient, pour éviter les dérives d’une simplification réductrice, de ne pas confondre indignation spirituelle, d’avec l’indignation sensorielle, cette dernière a pour moteur l’aveuglement de l’émotion, alors que la première a celui du discernement et de la Connaissance d’une Conscience éveillée.

L’indignation spirituelle, celle d’une citoyenneté qui pratique l’exercice des vertus, est une élévation de conscience, l’autre rigoureusement le contraire.

Je vous invite donc à prendre ou reprendre conscience de cet inestimable héritage qu’est cette Déclaration Droits de l’homme et du Citoyen 1789, non pas pour vous endormir dessus, comme des héritiers ingrats, car n’ayant fait que peu d’effort pour recevoir cette richesse, mais comme des filles et fils vigilants, volontaires et respectueux d’une œuvre plus qu’humaine, qui est l’expression la plus haute, jusqu’à ce jour, de la notion de Justice et de Liberté que l’humanité a été capable de produire.

Nous devons, chaque fois que l’occasion nous en est donnée, même si cela paraît insignifiant de prime abord, n’accepter aucune complaisance avec cette «justice», vice travesti en vertu, qui sous l’apparence grotesque du bien, n’est que l’expression d’un mal sournois et profond : l’asservissement des peuples.

Pour cela encore faut-il que chacun soit capable de faire l’effort d’en méditer et d’en approfondir les richesses, en accédant à un seuil minimum de connaissance et qui soit autre chose qu’une vague idée plus ou moins vague de son contenu, se limitant à la première phrase du l’article premier : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits, plus rien de la deuxième ni des 17 autres articles.

Nous sommes là, au cœur de ce qui fait la grandeur d’une civilisation, car l’exercice de la Justice, dans sa pratique difficile au quotidien, mais ô combien lumineuse par les richesses qu’elle apporte, fait appelle aux autres vertus cardinales. Il n’est pas possible d’avoir une notion élevée de la Justice, sans subordonner l’administration qui porte son nom à la Vertu qu’elle est.

Tout l’humanisme d’une Nation et d’une civilisation repose sur les principes de Justice que contient la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.

Ce n’est que de cette Justice que découle la véritable Liberté, et de rien d'autre !

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